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Lettre à Wuhan
--> encore un vieux texte
« Oui j’ai le mal de toi parfois Même si je ne le dis pas »

Tu es mon enfance et ma différence, ma liberté précoce. Tu es ma nostalgie et mes souvenirs, ma ville des premières fois. Tu es mon expérience et mes doutes, ma vie aux airs de fête.
Tu fais toujours beau et la pluie je l’ai oubliée, tu es l’évolution d’un pays émergeant et tu m’as vue devenir femme. Tu es peuplée d’un monde fou mais n’appartiens qu’à moi, j’ai au fond du cœur l’attachement des débuts. Tu as pris ma vie quelques années, pas tant et pourtant assez pour me construire, tu m’as offert les nuits qui ne se finissent pas et puis les premiers pleurs. Je connais par cœur ton aéroport et ne m’offusque plus des crachats qui ornent tes routes. Tu n’es ni la plus belle ni la plus grande et parfois l’on s’ennuie en ton sein, mais tu as mon cœur accroché à ton nom. Je suis revenue quand je n’y pensais pas mais aujourd’hui j’ignore si je te reverrai. Tu ne me manques pas mais tu m’es indissociable. Oui ailleurs j’aurais grandi aussi, oui ailleurs j’aurais connu du monde, j’aurais eu le choix, et pourtant ces choix que je n’ai pas eus m’ont apporté ce qu’il fallait et je suis contente, tu sais, d’avoir connu tes carrefours et embouteillages. Tu es moche aux yeux des gens et ton humidité nous est insupportable mais ton odeur me revient souvent, une odeur de bonheur, une odeur d’après-midi à jouer dehors, des plus petits aux plus grands, à inventer des jeux insensés et à avoir l’impression de rentrer tard, parce qu’il fait nuit tôt sur tes toits. Une odeur de printemps qui s’éternise comme pour nous garder enfants. Mais je suis grande maintenant et il t’est arrivé tout de même de me faire faux bonds, d’accentuer mes larmes. Je ne t’en veux pas, je suis loin à présent et les mauvais souvenirs, au diable ! J’ai peur de t’oublier, de ne pas t’évoquer assez, et les gens ne savent pas forcément, j’ai honte, un peu, de te laisser de côté, comme si parce que c’était fini ça n’avait plus d’importance, je ne veux pas crier au monde ‘moi j’ai vécu là-bas’, et ça ne s’explique pas, ils ne comprendraient pas.
Ils ne comprendraient pas ce que tu es au quotidien, ce qu’on peut vivre dans tes rues, même confinés dans une base-vie, ils ne savent pas la liberté que tu nous offres et la sécurité qui, étrangement, règne dans ton corps. Ils ne savent pas mais moi, quand je pense à toi, j’ai un sourire en plein visage et des sourires au bord de l’âme. Et j’aime de ton nom à tes gens.
Pourtant aujourd’hui, je me sens ici chez moi, et tu n’es plus que mon passé… Mais quel passé ! Je suis contente d’avoir pu grandir sous ton ciel –même gris même moche-.
Ecrit par Henhygmah, le Mercredi 2 Avril 2008, 01:29 dans la rubrique ..