Il y a toujours des jours sans. Des instants, plutôt.
Mais je ne suis pas malheureuse.
Je parle encore beaucoup de lui, peut-être trop. Et je ne sais pas si c'est normal, si j'ai l'air triste, si j'ai l'air désespérée, si j'ai l'air encore amoureuse.
Quoiqu'il en soit je vais mieux.
C'est juste que les souvenirs heureux se transforment en souvenirs tristes. Mais ils redeviendront beaux. Je n'en doute pas. Il faut juste du temps. Et un jour il n'y aura plus que des sourires en y pensant.
J'ai moins mal parce que j'ai plus confiance. Il continue de m'écrire même si on ne s'est pas encore revus. Tout n'a pas disparu. Je ne sais pas si c'est bien ou pas mais j'en ai besoin. J'ai besoin de savoir qu'il pense encore à moi, que tout ce qu'on a été n'est pas juste dans un coin de son esprit, pratiquement oublié.
Il n'a jamais été du genre tendre dans les mots mais il a souvent eu de jolies réactions.
Comme celle-là.
Après avoir lu ça "Ce soir on est allés dans le restaurant où nous avions fêté les soixante ans de mon père.
Je me souviens que tu étais arrivé un peu plus tard que prévu en fin d'après-midi, que tu m'avais fait quelques réflexions et que je t'avais demandé, pendant le repas, si tu n'avais pas quelque chose de gentil à me dire. Et là tu m'as dit que j'étais très jolie, ou quelque chose s'en rapprochant. Ca m'avait fait très plaisir et ça m'avait gênée aussi. Mais c'était bien.
J'ai l'impression que les endroits où mes souvenirs sont beaux se transforment en lieux à oublier.
C'était il y a un peu plus d'un an. Il y avait toute ma famille, ou presque, et toi.
J'avais cette jolie robe que je n'ai plus remis, je crois, et l'hôtel était petit.
Tout me revient en mémoire par bribes.
Je ne comprends pas ce qui nous a séparés.
Aujourd'hui tout est fini. Il n'y a rien à espérer et je voudrais tellement savoir ce que je n'ai pas été.", il m'a écrit : "Et ne te pose pas la question de ce que tu n'as pas été... Mais plutôt de ce que tu as été pour me donner envie de rester trois ans et demi avec toi alors que je n'aspirais plus à être en couple. Je ne dis pas ça pour polémiquer. Juste que voilà. Ce n'est pas gagné que cela puisse être autant..."

Tout ça fait mal au bide mais je ne suis pas aussi blessée que je ne le voudrais.
Je ne suis pas désabusée, je n'ai pas forcément moins confiance en moi (en même temps, avoir moins confiance, c'est quasi impossible) et je ne pense pas 'l'amour ? plus jamais !'.
Oui ça ne va pas être évident de reconstruire quelque chose avec un autre, mais je retomberai amoureuse. Plutôt deux fois qu'une.

C'est pas que j'aime souffrir. Mais c'était bien, quand même, ces trois ans et demi. Et même si ça ne doit durer à chaque fois que ce laps de temps (parce qu'après tout, l'amour dure trois ans, il paraît, et je ne mérite peut-être pas plus), je crois que ça vaut le coup.

Je veux juste que mardi ça se passe bien, et ne pas pleurer, ni avant ni pendant ni après.
Je veux que ce soit naturel, que ce soit agréable, que ça ressemble à de l'amitié.
Je ne sais pas si c'est déjà possible mais ça le sera.

Et ce jour-là, je parlerai encore de lui, mais moins, mais autrement.
Et un autre viendra hanter mes pensées. Et j'espère, oui, qu'il a raison, que c'est chaque fois différent et qu'on ne refait pas les mêmes gestes, qu'on ne redit pas les mêmes choses...